Mégalithes cachés :
les dolmens
Nous les avons parfois cherchés pendant des heures...
Cette page constitue une synthèse très simplifiée, mais aussi objective que possible, des connaissances sur le sujet. Il faut savoir qu'aucune théorie ne fait totalement l'unanimité et que des exceptions existent à toutes les règles que l'on a cru identifier. Des tendances peuvent cependant être dégagées.
Un trou de mémoire ? N'hésitez pas à consulter notre chronologie de la préhistoire.
HISTORIQUE RAPIDE
Les dolmens sont les seuls mégalithes dont la fonction nous soit parfaitement connue : il s'agissait de sépultures individuelles ou collectives pouvant contenir jusqu'à plusieurs centaines d'individus. On en trouve dans toutes les régions d'Europe, mais les liens culturels entre les peuplades qui les ont érigés n'ont pas été mis en évidence. Les préhistoriens ont plutôt coutume de considérer que la sépulture mégalithique s'est imposée à partir d'un certain degré de civilisation.
Un dolmen à couloir, près de Miers, dans le Lot.
Le beau dolmen pavé de la Cham, sur le Causse Méjean.
L'impressionnante allée couverte des Fades, dans le Minervois.
Bien que ces monuments funéraires aient des tailles et des géométries très diverses, leur principe demeure le même : un ensemble de dalles étayées, formant une chambre (cella) et d'éventuelles annexes (couloirs, allées...), le tout recouvert d'un tumulus (important empilement de cailloux).
Remarquable restauration de tumulus à Saint-Eugène, dans le Minervois.
Vue aérienne de tumulus.
L'ancêtre du dolmen est le caisson en pleine terre constitué de quatre pierres plates sous dalle faîtière, ou le tumulus avec fosse centrale (période du Néolithique ancien). Les premiers dolmens véritables apparaissent vers 3500 avant J.C. Les derniers datent d'environ 1800 avant J.C. (fin du Calcolithique) Ils ont souvent été réutilisés pendant la période romaine et parfois jusqu'au Moyen-Age. L'Age du Bronze a vu la fin de l'édification des dolmens, supplantés par des sépultures plus simples sous tumulus.
Le dolmen à accès coudé de Gaoujac, sur le Causse Méjean.
Une dalle fissurée, encore enchâssée dans son tumulus.
La coutume funéraire la plus répandue était l'inhumation, mais elle a coexisté avec l'incinération, particulièrement à partir de l'Age du Bronze. L'incinération a prévalu à l'époque romaine. De la même manière, l'utilisation des dolmens n'exclut pas les sépultures dans les grottes, lesquelles ont constitué jusqu'à la fin de l'Age du Bronze des lieux de protection privilégiés.
SOCIOLOGIE
Il est difficile de dresser une hiérarchie sociale de l'inhumation dolménique. Des individus de tous âges, sexes et conditions sociales y ont été retrouvés ce qui plaiderait pour une société relativement démocratique bien que, très clairement, des tombes de hauts personnages aient été identifiées, particulièrement à partir du Bronze Final où les sépultures individuelles se sont faites plus nombreuses.
De plus, on ne peut que constater la disproportion de la main d'œuvre nécessaire à la construction de ces édifices et le nombre de corps retrouvés à l'intérieur, ce qui pourrait indiquer une sélection des invidus inhumés. Enfin, les corps pouvaient faire l'objet de traitements particuliers avant l'inhumation (incinération, pré-décomposition pendant plusieurs mois et sélection de certains ossements) (Source : Menhir.81)
Le dolmen du Chillou, près de Descartes en Touraine du sud.
RELIGION (cliquez sur le lien dans le paragraphe ci-dessous pour plus de précisions)
Là encore, les connaissances sont fragmentaires et leur interprétation controversée. S'il est impossible, au travers des vestiges mégalithiques, de se faire une opinion précise des croyances des populations de ces lointaines époques, on a cependant pu déceler des pratiques cultuelles liées à la conception d'une survie physique ou spirituelle. En particulier, les trépanations pratiquées sur les Grands Causses en seraient des indices.
Le dolmen à accès coudé de l'aire des Trois-Seigneurs, sur le Causse de Sauveterre.
Les dalles faîtières ont malheureusement disparu, mais le tumulus est toujours là.
TYPOLOGIE
La classification peut varier selon les écoles et les régions. On distingue cependant :
Les dolmens à couloir sous tumulus rond. (cliquez sur le lien pour plus d'informations et d'images)
La cella est, dans ce cas, prolongée par un couloir de pierres sèches ou de dalles. Les dolmens dits "à vestibule" où la chambre présente une avancée de l'ordre d'un mètre peuvent être considérés comme des variantes des dolmens à couloirs. Ces derniers sont rectilignes ou parfois coudés, une particularité des sépultures mégalithiques des Grand Causses.
Certains de ces tombeaux présentent une chambre double (éventuellement postérieure à la cella initiale) ou des aménagements intérieurs particuliers (pavages, alvéoles latérales...).
Un dolmen à couloir non loin de Gramat, dans le Lot.
Les allées couvertes sous tumulus ovales (cliquez sur le lien pour plus d'informations et d'images)
Elles constituent une catégorie à part. Les édifices sont généralement impressionnants. L'accès à la chambre se fait à travers plusieurs passages. La belle allée couverte de las Fados (des fées), près de Pépieux dans le Minervois en est un exemple intéressant. D'autres allées ont été retrouvées dans la même région.
L'allée couverte de las Fades a été très soigneusement restaurée.
Les dolmens simples sous tumulus ronds (cliquez sur le lien pour plus d'informations et d'images)
Ce sont les plus nombreux. Certains sont le résultat de la dégradation d'un édifice à couloir.
Un des nombreux dolmens simples du Lot,
non loin du Pech Cayrou.
Les coffres (cliquez sur le lien pour plus d'informations et d'images) ne peuvent être considérés comme des dolmens. Constitués de quatre dalles dressées, ils apparaissent à la fin du Calcolithique et à l'Age du Bronze. Ils marquent le déclin de l'inhumation dolménique et coexistent alors avec d'autres types de sépultures moins élaborés (enfouissement des corps ou des cendres directement sous tumulus).
MAIS COMMENT FAISAIENT-ILS ?
Certaines dalles de mégalithes pèsent des dizaines de tonnes (voire plus). L'édification des dolmens reflète les pratiques d'une société organisée utilisant des techniques adaptées (cliquez sur le lien pour plus de détails).