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Les énigmes de Morenci :

 la croix

Les énigmes de Morenci, vue de l'énigmatique croix intacte.

Cette photographie, prise à la fin des années soixante-dix, montre la croix de Morenci telle qu'on pouvait la voir à l'époque : de petite taille, montée sur un socle et portant deux motifs sculptés :
- un visage sans expression, grossièrement taillé, de 22 centimètres sur 18,
- un symbole de 22 centimètres sur 14, se présentant sous la forme d'un 8.
 
 

Les énigmes de Morenci, détail de l'étrange croix de pierre.

Une date (1780) est gravée à la base de la croix. Il est toutefois certain qu'elle n'a rien à voir avec l'érection du monument ni avec les sculptures qu'il porte.

Les énigmes de Morenci, symbole gravé sur l'étrange croix de pierre.

Le symbole " 8 " n'est aucunement un chiffre, mais représente deux cercles tangents qui figureraient les positions extrêmes du soleil (la plus haute et la plus basse) au cours de l'année. Nous verrons cependant dans la page consacrée aux signes gravés sur les rochers que cette explication, proposée par Fernand Niel (in "Les Cathares de Montségur", éd. SEGHERS), se trouve infirmée, de notre point de vue, par la découverte d'autres symboles semblables, mais disposé autrement. Il en va de même pour une autre explication fondée sur la représentation symbolique des mondes terrestre (en bas) et divin (en haut) (Tristan Bergerot  www.pyreneescathares-patrimoine.fr).

 

Notons la facture particulière de ce signe : nous la retrouverons lors de l'examen de certains signes gravés. Les deux cercles en relief qui composent le "8" sont épais et bombés. Ils ont été obtenus par ablation du calcaire tout autour du symbole et dans la partie centrale des motifs circulaires.

 

Etrangement, ce symbole trouve un écho dans la montagne de Tabe, toute proche, sous la forme d'un double cromlech dont l'existence a été formellement attestée avant qu'il ne soit enseveli sous les déblais de l'exploitation minière de Luzenac.

 

Hélas, les vandales sont passés... une première fois.

Les énigmes de Morenci, vue de la croix vandalisée

Voici la croix de Morenci, quelques années plus tard. Elle a été partiellement détruite, par des coups de feu. Les impacts, accusés par l'érosion, sont nettement visibles. 

Les énigmes de Morenci, vue élargie de la croix vandalisée.
Les énigmes de Morenci. Vue rapprochée de la croix vandalisée, puis restaurée.

Une restauration partielle a permis de limiter les dégradations dues aux intempéries. Le visage, cependant, était déjà

brisé.

Les énigmes de Morenci, vue de la croix complètement détruite.

Photo par NeoO9 : http://xcrosseur.09.free.fr/

Et puis, en 2007, d'autres vandales sont venus :

la croix entière a été détruite par l'impact (volontaire) d'un véhicule. Il n'en restait alors que la stèle fissurée... et les souvenirs. 

Cette saga s'est terminée par un heureux évènement :

la croix, totalement restaurée, a retrouvé sa place, les fragments du visage ayant été conservés par la mairie de Bénaix (information aimablement fournie par M. Jean-François Devaux).

Malheureusement, le nouveau visage, aux traits plus fins et, de plus, gratifié d'un nez, n'est absolument pas identique à l'original (voir photo en tête de cette page).

La présence même de la croix de Morenci pose question. Pour Fernand Niel (in "Les Cathares de Montségur", éd. SEGHERS) et Pyreneus.fr, elle serait postérieure aux sculptures et aurait été taillée autour d'elles pour "christianiser" le monument, voire le site entier. Cette hypothèse suggère une origine antique du visage et du "8". En effet, comme nous le verrons à propos du Roc de la Fougasse, des cultes solaires ont été jadis pratiqués à cet endroit.

Pour d'autres observateurs (Menhir.81Tristan Bergerot), l'ensemble serait d'origine romane et aurait été implanté sur ce lieu de passage (près d'un col),  également dans un but de christianisation . Un des arguments avancés est une apparente similitude entre le "visage" sur la croix  et d'autres sculptures observées sur des chapiteaux d'églises. Cependant ces ressemblances physionomiques peuvent être trompeuses, voire approximatives, notamment après l'évolution des traits que nous avons mentionnée. De plus, le Christ est généralement représenté crucifié et non sous l'apparence d'un simple visage lunaire.

Une autre explication est aussi proposée (Menhir.81) : la croix serait un bornage entre deux territoires affectés à des abbayes différentes. Le 8 serait alors la représentation symbolique de ces territoires.

 

 

Incidemment et à titre documentaire, une croix d'apparence très proche de celle de Morenci se trouve non loin de Bagnères-de-Bigorre. Il s'agit de la croix dite de Béliou (évolution phonétique d'Abelios, dieu solaire gaulois). On retrouve sur une face le même type de visage peu expressif, et sur l'envers, une représentation du Christ en croix, manifestement postérieure, de par sa finesse. La croix a malheureusement été brisée, comme on peut le constater sur les photos, ce qui peut indiquer qu'elle a été déplacée et peut-être réemployée.

Ces deux photos et les explications associées ont été aimablement fournies par M. Jean-Paul Dugene, et extraites de son remarquable site de randonnées : www.jpdugene.com

Nous remercions également Menhir.81 pour sa collaboration amicale à l'interprétation des caractéristiques de ce monument.

Quant à nous, nous ne souhaitons pas prendre parti dans ce débat qui comporte plus de suppositions que de certitudes. Pour nous, amis randonneurs, la croix de Morenci garde son secret.

Rendons nous à présent au

roc de la Fougasse

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